Aleksandr Blok – L’horizon est en feu
Aleksandr Blok est avant tout un poète de l'attente. De l'attente passionnée. Dès ses premiers poèmes, on le sent attentif à tout ce qui peut se produire, dans ce monde-ci et dans les autres mondes. Jamais il ne se repose dans l'idée d'une harmonie définitive. Il lui arrive de traiter par la dérision cette passion de l'infinie expectative. Il lui arrive de se laisser couler dans la conviction que tout est perdu : sa vie assez brève - il a quarante ans quand il meurt en 1921 - se termine par trois années de silence poétique presque total. Reste la rigueur de la prose. Jamais il ne cesse d'accomplir ce qu'il estime être son devoir d'artiste. Le métier d'homme de lettres lui pèse, avec toutes ses corvées. C'est ailleurs qu'il cherche à entendre ce qu'il appelle la musique des mondes ou encore, parfois, la voix du chaos. La vie est, pour lui, " trois fois belle ", de ce qu'elle est tragique, de ce qu'elle ne cesse de se transformer. Le pote en lui, le musicien savent que rien ne peut " subsister ", et que l'art, comme la conscience d'être au monde, naît d'abord d'un sentiment de l'imminence.
par Jean-Louis Backès
2006 / 298 pages
ISBN 978-2-84840-077-3